#23

Don Quichotte

D’après Cervantes

Résumé de la pièce

L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche est un roman écrit par Miguel de Cervantes et publié à Madrid en deux parties, en 1605 et 1615.
À la fois roman médiéval — un roman de chevalerie — et roman de l’époque moderne alors naissante, le livre est une parodie des mœurs médiévales et de l’idéal chevaleresque, et une critique des structures sociales d’une société espagnole rigide et vécue comme absurde.
Don Quichotte est un jalon important de l’histoire littéraire et les interprétations qu’on en donne sont multiples : pur comique, satire sociale, analyse politique. Il est considéré comme l’un des romans les plus importants des littératures espagnole et mondiale.

Don Quichotte voit dans la moindre auberge un château enchanté, prend les filles de paysans pour de belles princesses et les moulins à vent pour des géants envoyés par de méchants magiciens. Il fait d’une paysanne de son pays, Dulcinée du Toboso, qu’il ne rencontrera jamais, la dame de ses pensées à qui il jure amour et fidélité.
Sancho Pansa, dont la principale préoccupation est, comme son nom l’indique, de se remplir la panse, estime que son maître souffre de visions, mais se conforme à sa conception du monde, et entreprend avec lui de briser l’envoûtement dont est victime Dulcinée.

Le personnage est à l’origine de l’archétype du Don Quichotte, personnage généreux et idéaliste qui se pose en redresseur de torts. L’intrigue couvre les aventures d’un pauvre Hidalgo  (gentilhomme) de la Manche, dénommé Alonso Quijano, et obsédé par les livres de chevaleries, qu’il collectionne dans sa bibliothèque de façon maladive. Ceux-ci troublent son jugement au point que Quijano se prend un beau jour pour le chevalier errant Don Quichotte, dont la mission est de parcourir l’Espagne pour combattre le mal et protéger les opprimés. Il prend la route, monté sur son vieux cheval Rossinante, et prend pour écuyer un naïf paysan, Sancho Pansa, qui chevauche un âne (Grison dans la version française).

Sancho Pansa, dont la principale préoccupation est, comme son nom l’indique, de se remplir la panse, estime que son maître souffre de visions, mais se conforme à sa conception du monde, et entreprend avec lui de briser l’envoûtement dont est victime Dulcinée.

Note de l'auteur(e)

Au-delà des épisodes délirants, mais sans les évacuer ni renoncer aux ressorts comiques presque rabelaisiens, le roman de don Quichotte pose quelques questions philosophiques majeures, en un temps où Hamlet lui-même s’interrogeait pareillement. La littérature est-elle un réel, un réel condamnable, désocialisant, contraire à l’ordre, au roi et à Dieu, qui est qui, pourquoi faut-il entretenir soigneusement les mots, où opère l’enchantement du monde, qu’est-ce qui menace l’imaginaire, ou qu’est-ce qui cherche à l’embrigader ? Et qu’est-ce, au bout de la route, que la folie ? Réduire deux mille pages à un spectacle constitue une forte gageure, qui tient de la réduction culinaire, où chaque épisode recomposé doit en contenir dix autres sans perdre le fil de la quête qui conduit le roman et que l’on néglige souvent au profit des épisodes de carte postale. C’est aussi une déclaration d’amour aux illusions des tréteaux, ultime refuge des âmes différentes, et donc une réflexion sur le théâtre. Mais tout cela en préservant ce que l’on nomme le picaresque, le baroque, la langue, l’époustouflant regard porté sur le monde par tous ces personnages dont existent, aujourd’hui toujours, les adversaires déclarés, faux enchanteurs et vrais dresseurs. L’humour, certes, fin ou énorme, mais d’abord le jeu comme savent le jouer des enfants perdus avec les cubes de la vie.

Philippe GODEFROID

 (Diplômé de Sciences Politiques, de Droit et d’Histoire, docteur en musicologie, Philippe Godefroid est homme de théâtre, metteur en scène, scénographe, concepteur de lumières. Dramaturge et théoricien, spécialiste de Wagner, il a consacré de nombreuses études au théâtre conçu comme miroir du monde, tout particulièrement au travers du prisme allemand. Il collabore avec la compagnie ici et maintenant théâtre depuis 2015.)

 

C’est un merveilleux défi qui se présente à nous avec cette œuvre.  Ce qu’on a appelé parfois le premier roman moderne est donc non seulement la joyeuse farce que l’on croit tous connaître mais surtout un formidable hommage aux poètes, aux enchanteurs du monde, aux rêveurs. Ce dont nous aurions le plus besoin en somme.

Il ne s’agira donc pas pour nous de reprendre une vieille forme plus ou moins médiévale ou un théâtre de tréteaux. Il est question d’onirisme ici, du pouvoir des mots, de la littérature qui luttera toujours contre un certain ordre du monde, celui qui range, qui juge du bien-fondé, qui exclut. Et cela, c’est aujourd’hui que ça se passe.

Car il est question aussi d’une problématique contemporaine : à qui laissons-nous le monde aujourd’hui ? Et quelle place, nous artistes, nous assignons-nous ? Il nous faut plus que jamais bousculer les limites d’un cadre de plus en plus réactionnaire ; ré affirmer la nécessité de l’art pour vivre, non pas comme acceptation de la catastrophe mais comme chemin de pensée et de construction d’un autre… quelque chose, qui peut-être s’appellerait une utopie du partage par la force du verbe.

Alors partons d’aujourd’hui et embarquons : au lever du rideau, Dulcinée dort dans un petit lit au milieu de nulle part. Elle reçoit depuis 400 ans la visite de Sancho mais ce jour-là, la discussion entre eux se tend car Dulcinée veut avoir enfin une réponse à SA question : comment lever l’enchantement qui pèse sur elle et la rend finalement invisible ? C’est lorsqu’elle évoque le livre ancien aux pages collées qu’elle conservait, que le monde bascule, que des apparitions de personnages fantastiques se produisent et qu’ils partent pour un nouveau voyage, elle et Sancho. Et ce voyage-là s’effectuera, pour commencer, dans le petit lit, lieu de tous les possibles, de tous les rêves. Pour finir par celui qui les contient tous : le théâtre.

Cinq acteurs se partagent tous les rôles de ce parcours initiatique, puisque, dieu merci, il existe donc toujours de nouveaux Don Quichotte, donc d’autres Curés, Barbiers, Ecclésiastiques, Rois et Reines, faux enchanteurs et faux Hidalgos qui ouvrent le pandémonium d’un monde pas si vieux ni dépassé au fond.  Et ce voyage sera inédit puisqu’il contient tous les livres, exaltant puisqu’il parle d’amour, terrifiant parce que nous nous perdrons dans le temps et que cette vieille compagne, la mort, attend toujours son heure au détour du chemin.

Comme L’Illusion comique de Corneille qui n’a jamais que 30 ans de plus, Don Quichotte illumine tout le théâtre baroque et nous ouvre les yeux sur les dangers d’un monde d’aujourd’hui formaté et censuré.

Christine Berg

Mise en scène : Christine Berg

Avec : Jacques Bourdat, Léo Perlot-Lhuillier, Ferdinand Régent-Chappey, Merouan Talbi, Sarah Taradach

Lumières : Sylvain Chevallot

Régie : Victor Duplant

Coproduction : Grand théâtre de Calais

Administration : Agnès Prévost

La compagnie ici et maintenant théâtre est conventionnée avec la Ville de Châlons-en-Champagne et la Région Grand Est. Le spectacle est soutenu par la Ville de Reims et le Jeune Théâtre National

Châlons-en-Champagne

Salle Rive Gauche

15 Rue de Fagnières, 51000 Châlons-en-Champagne

Du 30/11/2023 au 01/12/2023

19h30

 

 

Reims

Le Cellier

4 bis Rue de Mars, 51100 Reims

Du 17/01/2024 au 19/01/2024

19h30