Le Moche

de Marius Von Mayenburg

Mise en scène de Christine Berg

Traduit par Hélène Mauler et René Zahnd

Avec
Jacques Bourdat, Mélanie Faye, Catriona Morrison etLaurent Nouzille

Accompagnés par Gabriel Philippot au piano
et au saxophone

Scénographie
Pierre-André Weitz

Lumières de
Elie Romero

Musique de
Gabriel Philippot

Costumes
Pierre-André Weitz

Régie
Marine Molard

Directeur de production
Vincent Marcoup
Administration
Anne Delépine

Lette est un ingénieur talentueux. Un jour, son supérieur, Scheffler préfère envoyer l'assistant de Lette, Karlmann, à un congrès afin de présenter la dernière invention de Lette, le connecteur C2K, arguant que le physique de Lette n'est pas assez attractif pour les clients… En bref, il est moche. Sa femme Fanny lui confesse alors qu'elle l'a toujours trouvé très laid mais qu'elle a surmonté ce « handicap ».
Lette décide alors de subir une opération de chirurgie esthétique chez le professeur Scheffler (!). Cette dernière réussit au-delà de toute espérance : sa femme le dévore (des yeux) et son supérieur l'envoie dès lors présenter le connecteur dans tous les congrès.
Lors de l'un de ces congrès, une directrice de groupe industriel septuagénaire, Fanny (!), rafistolée de partout, le drague ostensiblement devant son fils. Lette est maintenant courtisé par des hordes de femmes. Sa femme veut le quitter. Devant tant de succès, le docteur Scheffler l'embauche comme modèle publicitaire pour vanter les mérites de sa chirurgie esthétique.
Karlmann, l'assistant de Lette, tente de séduire sa femme Fanny qu'il croit délaissée. Mais celle-ci le repousse, se déclarant fascinée par le visage de son mari. Karlmann construit alors une nouvelle variante du connecteur mais son supérieur décide que c'est Lette qui ira le présenter dans les congrès…Karlmann décide alors de subir à son tour une chirurgie esthétique.
Fanny se plaint de trouver des clones de Lette dans la rue. Le docteur Scheffler n'a en effet cessé d'opérer des gens et de leur proposer le visage de Lette devenu une « norme de beauté ». La directrice septuagénaire du groupe industriel finit par prendre un amant, clone de Lette. La femme de Lette prend pour amant Karlmann, nouvellement opéré et qui a le visage de Lette.
Le supérieur de Lette ne veut plus de lui car Karlmann peut maintenant le remplacer : il sait construire de nouveaux connecteurs et de plus, il a le même visage que Lette. Lette retourne alors chez le docteur pour tenter de retrouver son visage originel mais c'est impossible. Lette veut se suicider mais au moment de sauter, il croise la directrice du groupe et son fils fraîchement opéré. Lui/moi/ toi/je m'aime, les identités finissent par s'enchevêtrer dans une étreinte furtive tandis que le docteur tente de s'opérer lui-même…

Cette pièce, créée à Munich en 1998 puis à Hambourg par Thomas Ostermeier en 1999, a également été mise en scène en Grèce, en Pologne, en Hongrie…Collaborateur de l'équipe artistique de Thomas Ostermeier à la Baracke à Berlin en 1998/1999, il rejoint en 1999 la Schaubühne comme auteur, dramaturge et traducteur (Sarah Kane et Martin Crimp).Depuis Parasites en 2000, il a écrit L'Enfant froid, Eldorado, Turista, Le Moche et Cible Mouvante. Ses œuvres sont jouées dans toute l'Europe et au-delà.

Premières réflexions



Voilà une pièce originale et insolente.
Vertigineuse aussi dans sa réflexion sur l’identité…
Qui sommes-nous derrière nos visages ? Peut-être ne suis-je que mon visage ? Qu’est-ce qui fait que je suis moi, et qui est moi d’ailleurs ?
Sosie et Amphitryon ne sont pas loin, mais ils sont plongés dans une société post-moderne cruelle. Ne compte que la surface, et le jugement de l’autre. Et l’argent.
Mayenburg s’amuse beaucoup ; il indique dans les didascalies liminaires que non seulement tous les personnages seront joués par seulement 4 acteurs (les 2 Fanny sont la même actrice, les 2 Scheffler sont le même acteur, ainsi pour les 2 Karlmann, seul l’acteur qui joue Lette ne joue que cela…) mais en plus, Mayenburg spécifie que les opérations de chirurgie esthétique ne changent rien à la physionomie des personnages…
Mais alors pourquoi un homme jugé laid, après un tour de passe-passe pseudo-médical, devient tout-à-coup une beauté ?
Parce qu’on l’a décidé, parce que la société le juge différent, ne le voit pas tel qu’il est (ni tel qu’il était), parce que la « beauté » est une valeur relative qui s’achète et se vend bien.
Mais lui, au fond, il n’a pas changé. Mais qui s’inquiète du fond ? Quant au style littéraire, Mayenburg accentue encore le côté tourbillonnant de l’argument en enchaînant de façon très virtuose les apparitions et disparitions des personnages : Lette est en train de discuter avec son patron et tout-à-coup (sans qu’il y ait eu d’indication particulière) c’est sa femme qui lui répond et la conversation s’enchaîne avec sa femme. Un côté presque guignol.Il faudra inventer une scénographie à la hauteur : tourbillonnante, dynamique, quelque chose qui donne le vertige. Peut-être une tournette, ou une mécanique d’apparitions/disparitions ludique et mystérieuse à la fois.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : du mystère de l’identité humaine, de la perception variable que nous avons les uns des autres et, au fond, de la valeur que nous attribuons aux apparences. Mais comme le dit le bon sens, elles sont trompeuses…

Christine Berg - février 2010

l'auteur

Marius Von Mayenburg est né à Münich en 1972, il fait tout d'abord des études de langue, littérature et civilisation allemande ancienne.
Il déménage en 1992 à Berlin où, de 1994 à 1998, il suit au Conservatoire les cours d'écriture scénique avec notamment Tankred Dorst. En 1996, il écrit les pièces Haarmann et Mademoiselle Danzer puis en 1997, Crépuscule des Monstres et Visage de feupour laquelle il obtient le prix Kleist et le prix de la fondation des auteurs de Francfort.

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