Béla Bartok, un esprit libre - concert lecture

de Béla Bartok ; Kjell Espmar

Mise en scène de Christine Berg

Avec
L’Ensemble Instrumental de Champagne direction Gabriel Philippot :Flûtes : Lore-Anne Cave ; Hautbois : Hélène Foissey ; Clarinettes : Sébastien Carré ; Basson : Jean-François Angelloz ; Cor : Bernard Boulanger ; Trompettes : Grégoire Henry ; Saxhorn : Benjamin Flajollet ; Percussions : Mylène Manteaux ; Harpe : Eunile Lee ; Violon 1 : Léa Menissier ; Violon 2 : Clara Ponsinet ; Alto : Aurore Cochenet ; Violoncelle : Leslie Green ; Contrebasse : Loïc Bettendorf

n/a

Lumières de
Sylvain Chevallot

Directeur de production
ici et maintenant théâtre
Administration
Agnès Prévost
La compagnie ici et maintenant théâtre est conventionnée avec la Ville de Châlons-en-Champagne et la Région Grand Est ; elle est également soutenue par la Ville de Reims.

Concert-spectacle
à partir de Suites de danses et Mikrokosmos de Béla Bartok
et des extraits du roman Béla Bartok contre le troisième Reich de Kjell Espmark 
 

Le concert spectacle

Cette création s’inscrit dans la lignée de petites formes musicales que nous avons toujours eu plaisir à créer depuis pratiquement la création de la compagnie.

Des cabarets pour commencer (Novarina, Devos) aux lectures musicales (Schumann, Beethoven, Berlioz) en passant par les nombreuses musiques de scènes, nous avons toujours voulu mettre la musique au centre de notre travail de théâtre.

Il s’agit donc ici de mêler des aspects biographiques et thématiques de l’œuvre de Bartok à un travail d’orchestre en direct.

Une scénographie poétique et légère permettra de créer un univers un peu décalé : des valises, des draps recouvrant les meubles, chaises et pupitres, feront vivre la mémoire de ce grand voyageur, chercheur d’étoiles et exilé aussi.

Les musiciens devront vivre eux aussi au rythme de ce voyage, dans l’écoute et dans le mouvement. Nous inventerons une forme simple favorisant l’écoute mais porteuse d’images et de rêverie possibles au delà des mots et des notes.

Le mélange des textes et des musiques est toujours une délicieuse cuisine.

Christine Berg

illustration

La Suite de danses pour orchestre de Béla Bartók

Souhaitant célébrer le cinquantenaire de la fusion des villes de Buda et de Pest, l’état hongrois passe commande à trois compositeurs d’une œuvre originale qui sera créée lors d’un concert, le 19 novembre 1923. Bartok écrit sa Suite de danses. Le compositeur nourrit son œuvre aussi bien des musiques roumaine et arabe que du folklore hongrois, célébrant ainsi, dans cette suite de cinq danses, la fraternité entre les peuples. Une ritournelle fait le lien entre chaque danse et les réunit entre elles, à l’exception des 3ème et 4ème danses qui s’enchaînent. Un Finale s’ajoute aux cinq danses comme conclusion récapitulative. L’œuvre eut un grand succès, au-delà même des frontières hongroises, et assura la renommée de Bartok. Il y utilise les rythmes de danses populaires comme matériau de base. Le compositeur affirme qu’il est difficile, dans son travail ethnographique, de définir précisément d’où viennent certains rythmes. Certains se retrouvent dans les régions roumaines, d’autres en Turquie. A travers l’utilisation de rythmes populaires, Bartok proclame donc déjà l’idée de partage, d’échanges et de diversité au-delà des frontières ; c’est proclamer la parenté entre les cultures et la fraternité de fait entre les peuples.

 

Mikrokosmos de Béla Bartók

Le Mikrokosmos est une série de 153 petites pièces pour piano qui se décline en six volumes, de difficulté croissante, composées dans un but pédagogique pour son deuxième fils, Péter, né en 1924. L'ensemble a été publié en 1940. Le mot Mikrokosmos signifie petit monde (du grec) et peut donc s'interpréter comme une série de pièces de styles différents.

Selon Bartók, ce titre peut aussi se comprendre comme le "monde des petits enfants".

Cette œuvre est un miroir de la musique de Bartók. En effet, ces petites pièces d'abord techniques, présentent des jeux de rythme, d'harmonie, d'accords a priori dissonants mais consonants. Avec des sonorités et des schémas issus de la musique jazz (cycle des quintes), des inspirations de la musique folklorique, Mikrokosmos est une œuvre moderne et innovante selon les critiques.

Le Mikrokosmos est considéré comme une des œuvres pédagogiques pour piano majeures du XXème siècle. Selon le compositeur György Ligeti, cette œuvre de Bartók est une "série de chefs-d’œuvre en miniature extraordinairement variables et finement ciselés" qui sont tout aussi significatifs que ses œuvres majeures.

 

Béla Bartók contre le troisième Reich de Kjell Espmark

En 1943, passant par Nîmes sur le chemin de l'exil, Béla Bartók se croit menacé d'arrestation. En un instant il revoit son passé et imagine ce qu'aurait été son futur... tel qu'il le sera en réalité. Une talentueuse manière de se jouer du temps pour célébrer un grand compositeur au temps des folies sanguinaires.

Kjell Espmark (né en 1930) est un poète, romancier et historien de la littérature suédois. Il est élu membre de l'Académie suédoise en 1981. Il enseigne actuellement l'histoire de la littérature à l'université de Stockholm. Son roman est paru en 2006 chez Actes Sud. 

orchestre

L’Ensemble Instrumental de Champagne (E.I.C.) a été créé en 2018, à l'initiative de Gabriel Philippot (chef d'orchestre). Basé à Reims, il a pour vocation de proposer des transcriptions des grandes pages de la musique symphonique à travers des adaptations pour ensemble réduit à un par partie. Ainsi, en se libérant des contraintes logistiques liées à un grand orchestre symphonique, il peut voyager aisément et délocaliser la musique en tous lieux et en toutes occasions. Ensemble à géométrie variable, ses rangs se composent de jeunes musiciens talentueux formés dans les infrastructures de la Champagne-Ardenne et maintenant engagés dans l'enseignement ou la vie musicale de la région. Durant la saison 2019/2020, pour l’anniversaire des 150 ans de la disparition d'Hector Berlioz, l’ensemble a proposé, en collaboration avec la compagnie ici et maintenant théâtre, une adaptation de Harold en Italie, pièce narrative sublime, dont le succès est trop injustement éclipsé par la notoriété de la Symphonie fantastique.

Pour la saison 2020/2021, l’ensemble se penchera sur la musique du compositeur hongrois Béla Bartók. Considéré comme un pionnier de l’ethnomusicologie, sa musique, teintée de couleur folklorique d’Europe de l’Est, rassemble de nombreuses esthétiques et invente un style unique, reconnaissable entre tous.

D’abord fasciné par les grands compositeurs comme Richard Strauss, Liszt, Brahms ou Debussy, Bartók en tire une maitrise harmonique complète, tonale et modale, et apprend dans leur musique la finesse de l’orchestration et l’art de manier la grande palette des couleurs instrumentales. Mais Bartók réussit aussi le tour de force d'intégrer les idées et les découvertes novatrice de Stravinsky et de Schönberg.  Du premier, il assimile une inventivité rythmique avant-gardiste, et du second, il apprend une nouvelle façon de penser l’harmonie et la construction mélodique.

Ainsi, en assimilant tous ces héritages, et sans jamais sortir complétement du système tonal ou modal, il invente son propre langage, hérité de la musique de son pays et de l’évolution et des recherches de tous les grands compositeurs depuis Bach jusqu’à Schoenberg.

L’Ensemble Instrumental de Champagn

l'auteur

Béla Bartok est né en Transylvanie, région de Roumanie faisant partie de l’Autriche-Hongrie, jusqu’en 1918. C’est dans cette contrée à la confluence des cultures magyare, roumaine et slovaque, que le musicien grandit et affirme un attachement profond pour sa terre natale.

Pionnier de l’ethnomusicologie avec le compositeur Zoltan Kodaly, il se passionne pour l’enregistrement de morceaux folkloriques d’Europe de l’Est et par les chants des paysans slaves qui lui inspireront un style très personnel empreint de rythmes de danses traditionnelles mais aussi des travaux et mélodies de ses contemporains (Strauss, Liszt, Brahms, Debussy, Stravinsky et Schönberg). A la suite de Liszt, Bartok s’intéresse de près à la musique tzigane, particulièrement présente dans cette partie de l’Europe.
Dès l’âge de 9 ans, Béla Bartok montre un don pour la composition en écrivant ses toutes premières pièces. Au concours d’entrée du Conservatoire de Vienne, Béla Bartok fait sensation, mais il choisit de s’inscrire à celui de Budapest où il donne son premier concert avec la Sonate en si mineur de Liszt.
Fervent patriote, antinationaliste et antifasciste, Bartok est fortement attaché au peuple rural ; interpellé par leur culture, il redécouvre la sienne propre. Comme l’écrivit François FejtÅ‘ : « Il aimait les paysans dont il enregistrait les chants. Ils lui ont bien rendu l’amour qu’il avait pour eux. Il était tout à la joie de découvrir en leur compagnie un système communautaire déjà en voie de disparition ; ils lui ont fourni la matière première, la matière thématique qui inspirera toute son œuvre. » Lors de la première guerre mondiale, le profond pacifisme qu’il observe chez les paysans renforce ses convictions humanistes. « La xénophobie n’est répandue que dans les classes supérieures. » écrit-il. Le peuple est sa muse et son idéal : « Mon idée maîtresse véritable, celle qui me possède entièrement, est celle de la fraternité entre les peuples. Voilà l’idée que, dans la mesure où mes forces me le permettent, j’essaye de servir par mes œuvres. »
C’est avec Kodaly que Bartok commence à recueillir la musique folklorique hongroise. Les deux hommes resteront de très grands amis toute leur vie. Ils ont conscience que leur rôle de « collecteurs » est essentiel pour sauvegarder la mémoire musicale traditionnelle qui, jusque-là, se transmet uniquement par voie orale. Commence alors pour Bartok une carrière d’ethnographe et d’ethnomusicologue qui s’étendra rapidement à une grande partie de la musique traditionnelle européenne. En compagnie de Kodaly, il sillonne les villages de Hongrie et de Roumanie, retranscrivant et enregistrant des centaines de mélodies et de chants populaires. Par la suite, ses recherches mèneront le compositeur sur toutes les rives de la Méditerranée, où il étudie les musiques arabo-berbère, ukrainienne, serbe, bulgare, égyptienne et turque.

Au tout début du XXème siècle, un courant national a pris naissance en Hongrie, qui s’est étendu au domaine des arts, obligeant les habitants à se positionner pour ou contre et à participer aux débats autour de questions telles que : « Peut-on / doit-on créer quelque chose de spécifiquement national ? Faut-il ou non utiliser des musiques populaires dans la composition ? Si on en utilise, de quelles musiques s'agit-il ? Et de quelle manière faut-il le faire ? » .… Bartok se positionne d’abord clairement comme un défenseur de l’identité nationale hongroise, en opposition à la culture allemande très influente dans son pays.

Face à la montée du fascisme, le compositeur ne s’est jamais compromis et s’est toujours opposé à travailler avec le régime nazi ou à ce que ses œuvres soient jouées pour le compte du régime. Il demande au contraire à ce qu’elles soient jouées pendant l’exposition sur la musique dite dégénérée à Düsseldorf en 1937.

Néanmoins, cette opposition ne lui facilite pas la vie. En 1940, contraint à l’exil, il quitte l’Europe pour les Etats-Unis. Malgré un accueil chaleureux,  Bartok ne se remet pas de cette rupture avec son pays dont il ne sait combien de temps elle va durer et qui le plonge dans l’incertitude. Alors que sa situation financière se dégrade (il donne moins de concerts et plus de cours), quelques dernières commandes viennent lui redonner confiance : le Concerto pour orchestre, la Sonate pour violon seul commandée par Yehudi Menuhin, et enfin son Concerto pour piano n°3. A peine libérée, la Hongrie lui rend un dernier hommage en l’élisant député. Bartok accepte sachant qu’il ne pourra sans doute pas honorer la fonction. Le compositeur s’éteint le 26 novembre 1945 à New-York à 64 ans, vaincu par une leucémie.

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