Pygmalion
de Bernard Shaw
Mise en scène de Christine Berg
Traduit par Bernard Weber
Avec
Eric Bergeonneau, Loïc Brabant, Catherine Bussière,Mélanie Faye, Françoise Jimenez et Laurent Nouzille
Scénographie
Renaud de Fontainieu
Lumières de
Pablo Roy
Musique de
Lyonnel Borel
Costumes
Nathalie Charbaut
Maquillage
Nathalie Charbaut
Régie
Elie Romero
Directeur de production
Vincent marcoup
Coproduction
ici et maintenant théâtre/Théâtre de la Madeleine, Scène Conventionnée de Troyes
Administration
Anne Delépine
La compagnie ici et maintenant théâtre est conventionnée avec le Ministère de la Culture / Direction Régionale des Affaires Culturelles de Champagne-Ardenne et avec l’ORCCA/Conseil Régional de Champagne-Ardenne, subventionnée par la Ville de Châlons-en-Champagne.Création soutenue par le Conseil Général de la Marne et la SPEDIDAM.
Entretien avec Christine Berg – Avignon 2006
Vous travaillez surtout sur des textes contemporains, pourquoi alors, avez-vous souhaité mettre en scène cette pièce de George Bernard Shaw ?
D’abord parce que cette pièce est un modèle de virtuosité dramatique en même temps qu’une critique visionnaire de nos sociétés modernes. Et c’est aussi une comédie. Shaw déploie ici un talent aussi polémique qu’humoristique et il fait mouche.
Ce qui pourrait n’être qu’une gentille fable sociale qui sous un ultime coup de baguette magique, se termine en fin heureuse, est surtout une redoutable analyse de nos comportements sociaux, mais avec une légèreté toute britannique, très subversive.
Ce jeune universitaire, professeur de phonétique, qui passe un pari avec son ami, le « so british » colonel Pickering, est certes un philanthrope, mais une fois son pari gagné, il se désintéresse totalement de la pauvre créature qu’il a fait naître. Celle-ci dès lors et contre toute attente, ne sombre pas dans un désespoir romantique mais puise dans cette expérience fondatrice les moyens d’une véritable émancipation.
En quoi Bernard Shaw, vous semble-t-il progressiste ?
Là où Shaw est réellement progressiste, c’est qu’il dit que cette émancipation ne peut pas consister à accéder à une classe bourgeoise, mais que Eliza Doolittle, maîtrisant enfin les codes du langage, possède ainsi les moyens d’un vrai choix de vie.
Tout cela est décliné dans une succession éblouissante de situations cocasses qui restent d’une troublante actualité.
Non, rien n’a changé depuis que Shaw l’a décrit : rien ne classe plus quelqu’un, socialement parlant, que la manière dont il parle ! Et qui possède les clefs de sa langue, au-delà même des clichés de classe qu’elles impliquent, pourra faire face dignement et de façon lucide à toutes les situations.
Comment avez-vous procédé pour actualiser le propos de cette pièce ?
Cette œuvre est un splendide manifeste sur la capacité de l’homme à bouleverser les ghettos sociaux, elle n’a pas une ride.
Avec un propos d’une telle pertinence, d’une ampleur qui est de l’ordre du débat d’idées philosophique, il est clair que la scénographie se doit d’être à la hauteur ; elle ne peut en aucun cas illustrer la narration puisque celle-ci n’est qu’un prétexte.
De grands murs de métal mobiles nous permettront de dessiner des espaces de jeu abstraits et universels. Ils prendront une valeur symbolique forte lorsque Eliza les fera reculer puis exploser lors de son ultime émancipation…
Monter cette pièce est une chance, celle d’être en face d’une interrogation fondamentale et optimiste sur l’état du monde.

George Bernard Shaw, auteur irlandais (1856-1950)
Critique, journaliste, auteur de romans et de pièces de théâtre, il puisa son inspiration dans la critique de la société victorienne. Son goût de la satire incisive, alimenté par l'indignation que lui inspiraient l'hypocrisie bourgeoise et les injustices sociales, fait de lui le digne successeur de son compatriote Jonathan Swift.
Vers le milieu des années 1880, Shaw découvrit les écrits de Karl Marx et devint socialiste. Il fut alors l'élément moteur de la toute nouvelle Société Fabienne (1884), groupement de socialistes issus de la classe moyenne qui prônait la transformation du gouvernement et de la société par « imprégnation » des idées socialistes plutôt que par la révolution.
C'est après la publication de Sainte Jeanne (1923) que Shaw reçut le prix Nobel de littérature (1925).
Shaw poursuit, à travers la comédie, son investigation des maux de la société et sa recherche de leurs origines.
Il prétendait que son chef-d'œuvre comique, Pygmalion (1913), était une pièce didactique sur la phonétique.
Cette pièce nous transporte dans un univers satyrique de la haute bourgeoisie londonienne et pose la question du rôle déterminant du langage (surtout de la prononciation) et de la culture dans la discrimination entre les classes sociales.
Henry Higgins, professeur de phonétique, prend la gageure avec son nouvel ami, le colonel Pickering de transformer, par ses méthodes d'apprentissage, le langage et les manières de Liza Doolittle, petite marchande de fleurs issue des bas-fonds de Londres. Il prétend ainsi pouvoir la métamorphoser en lady et même la faire passer pour une " duchesse " en, tout au plus, six mois d'entraînement intensif.
Cette reprise allègre de Pygmalion et Galatée (1871) de William Schwenk Gilbert enseigne que la parole est propre à faire naître la pensée et peut devenir une arme d’émancipation sociale.
L'adaptation cinématographique de cette pièce, bien des années plus tard, fut un triomphe et inspira la comédie musicale My Fair Lady.

© Ici et Maintenant Théâtre 2011 - Web design et développement : Le Studio Elhem - crédit photos : JAC - mentions légales - admin