Noce
de Jean-Luc Lagarce
Mise en scène de Christine Berg
Avec
Michel Boy, Elodie Cotin, Mélanie Faye, Mathilde Michel et Laurent Nouzille
Scénographie
Renaud de Fontainieu
Lumières de
Pablo Roy
Musique de
Lyonnel Borel
Costumes
Nathalie Charbaut
Maquillage
Nathalie Charbaut
Régie
Hervé Longchamp
Directeur de production
Vincent Marcoup
Coproduction
ici et maintenant théâtre / Espace Simone Signoret
Administration
Laurence Levasseur
La compagnie ici et maintenant théâtre est conventionnée avec le Ministère de la Culture / Direction Régionale des Affaires Culturelles de Champagne-Ardenne et subventionnée par la Ville de Châlons-en-Champagne.Création soutenue par l’ORCCA / Conseil Régional de Champagne-Ardenne, le Conseil Général de la Marne et la SPEDIDAM.© Editions Les Solitaires Intempestifs
Noce
Un repas de noce va avoir lieu ce soir dans une petite ville.C’est un repas grandiose, bourgeois. Des centaines d’invités, un cadre exceptionnel, un évènement.
Un homme, un monsieur, une dame, une femme et une jeune fille veulent assister à cette noce et s’invitent frauduleusement au repas. Ils passent des barrages, des gardes, des chiens, des policiers, des domestiques. Inventent des prétextes, des cartons d’invitations perdus...Enfin ils y sont.
Relégués au fin fond d’une enfilade de salles de réceptions plus majestueuses les unes que les autres, ils sont finalement installés tout au bout, bien loin des mariés et de leurs familles. Mais qu’importe, il fallait être là , même loin, même tout petits.La soirée se déroulera d’abord selon le rituel : on fait connaissance, on attend les plats, on invente des bons mots, des discours avortent en riant...
Puis tout prend un tour surréaliste ; l’amertume, l’envie, la naïveté aussi vont amener ces 5 personnes aux actes les plus fous. Mus par le besoin irraisonné de voir, de savoir, de connaître, ils vont se livrer au saccage, au pillage, tout balayer de ce monde qui n’est pas le leur.
Que leur restera-t-il alors ?
Recommencer, ultime et dérisoire insatisfaction, une noce, à eux, avec des barrages, des gardes, des chiens, des policiers, des domestiques.
Premiers éléments de réflexion
L’écriture de Jean-Luc Lagarce ne se laisse pas appréhender de soi ; c’est une recherche sur la réalité, sur nos perceptions de cette « réalité » qui nous échappe et nous perd en permanence.
Dans Noce, on est plongés dans un univers totalement kafkaïen.
Opprimés, poursuivis par des forces inconnues, assaillis par des adversaires qu’on ne parvient pas à identifier, lâchés par la réalité.On ne saura jamais vraiment quelle est cette noce, qui sont les mariés, où on se trouve. Sans doute ce n’est pas ce qui importe ici mais plutôt que la noce est richissime, que les mariés sont invisibles (gens importants) et qu’on est là où ça brille.
C’est la perception des petites gens, de ceux « qui n’en sont pas »...Et puis cette nature humaine si pitoyable, la nôtre, tous confondus...Vouloir ce qui est au voisin, trembler de peur et d’ignorance, n’avoir d’autre issue que reproduire, plus mal, plus loin.
Malgré tout, il faut en rire et la pièce est plutôt burlesque, ça fait mal ailleurs.
Cette jolie petite machine à broyer, je la vois bien dans un manège. Un plateau qui tourne.
C’est pour moi, à la fois la dimension gigantesque des salles en enfilade du repas, en quelque sorte appliquée au cercle. Succession interminable d’espaces semblables et vertigineux.
Et c’est aussi la portée philosophique de la fable : on tourne en rond, on perd la tête, on se grise et on recommence. La vie est ainsi.L’esthétique scénographique ne peut pas être réaliste, l’écriture ne l’est pas du tout, Lagarce manie les effets de distance, introduisant d’emblée un narrateur, la jeune fille, puis nous perdant dans les méandres d’une histoire fantasmatique.
Nous manquons de lucidité, nos vies sont dérisoires et petites et le monde tourne et nous n’y comprenons rien.
Christine Berg, février 03

Jean-Luc Lagarce
Né en 1957 en Haute-Saône de parents ouvriers, il poursuit à Besançon des études de philosophie et suit parallèlement les cours du Conservatoire d’Art Dramatique.
Il fonde en 1978 avec d’autres élèves le Théâtre de la Roulotte où il mettra en scène Beckett, Goldoni et ses propres textes.
A partir de 1979, ses pièces seront régulièrement diffusées par France Culture dans le nouveau répertoire dramatique de Lucien Attoun, et mises en scène.
Son oeuvre est considérable et éditée intégralement par les Solitaires Intempestifs ; l’originalité de son écriture s’ancre à la fois dans la connaissance de l’histoire du théâtre (il a rédigé un essai intitulé : Théâtre et pouvoir en Occident) et dans une proximité avec Beckett et Ionesco.
Jean-Luc Lagarce est décédé prématurément en 1995.

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