Le Roi nu
de Evguéni Schwartz
Mise en scène de Chritsine Berg
Traduit par André Markowicz
Avec
Jacques Bourdat,Eric Bergeonneau,Mélanie Faye,Jean-Michel Guérin,Laurent Nouzille,Vincent Parrot,Antoine Philippot,Gisèle Torterolo
accompagnés par un musicien percussionniste Vincent Lecrocq
Assistant(e) à la mise en scène
Chloé Brugnon
Scénographie
Renaud de Fontainieu
Lumières de
Elie Romero et Pablo Roy
Musique de
Gabriel Philippot
Costumes
Juan Morote
Maquillage
Sophie Niesseron
Régie
Elie Romero
Directeur de production
Vincent Marcoup
Coproduction
ici et maintenant théâtre/Théâtre de la Madeleine – Scène Conventionnée de Troyes/Action Culturelle du Pays de Briey
Administration
Anne Delépine
La compagnie ici et maintenant théâtre est conventionnée avec le Ministère de la Culture / Direction Régionale des Affaires Culturelles de Champagne-Ardenne, avec l’ORCCA / Conseil Régional de Champagne-Ardenne et subventionnée par la Ville de Châlons-en-Champagne. Projet soutenu par le Conseil Général de la Marne.
Le Roi nu
« Je traverse la cour du roi donc… » la pièce commence ainsi, Henri traverse la cour pour rencontrer la princesse Henriette dont il va tomber amoureux ; amour contrarié par le mariage annoncé de celle-ci avec le roi tyrannique d’à côté. Qu’à cela ne tienne, notre héros aidé de son fidèle compagnon est décidé à épouser celle qu’il aime, à faire triompher l’amour en malmenant l’arbitraire, en se mesurant au pouvoir pour enfin mettre à nu le totalitarisme ! Vaste programme ! Et en effet, lecteurs et spectateurs traversent un monde de dames de compagnies, d’escadrons de soldats, de ministres, de tisserands, personnages empruntés aux contes d’Andersen mais aussi à une certaine réalité. De fait s’il s’agit bien d’un conte, il cache sous ses habits merveilleux un monde bien moins magique : la servitude volontaire de courtisans aux esprits ligotés, un roi sanguinaire et violent, un peuple en proie à un régime raciste, autoritaire et sans liberté. Ainsi Henri au nom de l’amour vient libérer sa princesse, mais par là c’est la liberté d’expression qu’il revendique, liberté d’être et d’aimer, liberté de dire et liberté d’en rire. Car cette pièce est avant tout une farce, dans laquelle comme l’a si bien remarqué Serge Kribus : « Schwartz épingle le culte de la personnalité, l’orgueil et l’incommensurable bêtise attachée semble-t-il au pouvoir lui-même. Mais il le fait sans jamais aucune lourdeur, sans arsenal dialectique, sans jamais proposer autre chose que le rire et le goût du théâtre comme antidote ».
Premières réflexions
Tout d’abord, Le Roi nu est un conte, et même un « super-conte » puisqu’il en contient trois… Trois contes d’Andersen très connus, que nous avons tous quelque part en mémoire. Et comme conte, il tient donc de la pure féerie enfantine avec princesses, rois méchants, bouffon, demoiselles d’honneur, etc…Il affiche également toute l’exubérance du conte jusque dans sa distribution : quarante personnages au bas mot.
Mais s’il a cette effervescence joyeuse et tous les possibles du « Il était une fois… », il n’en a pas la naïveté, et Evguéni Schwartz parvient avec brio à en faire une pièce subversive sur la nécessité de lutter contre tous les totalitarismes.
Car on rit beaucoup et on se dit aussi qu’on doit être vigilant à l’égard de tous les pouvoirs pour qu’ils laissent la parole à tous et que l’obscurantisme, l’intolérance qu’ils génèrent parfois, ne nous étouffent pas sans crier gare.
C’est un très beau texte sur une salutaire incivilité citoyenne où chacun serait attentif à tout et à tous et se révolterait pour que les hommes vivent mieux ensemble.
Alors, puisqu’il parle de choses aussi essentielles, nous allons monter ce texte avec rien.
Je veux dire, pas de décor coûteux, pas de machinerie lourde, des acteurs.
Une floppée d’acteurs inventifs, drôles, délirants même peut-être, qui assumeront à 8 les 40 personnages par un jeu de travestissements rapides et à vue, dans un tourbillon rythmé par les percussions, à vue elles aussi.
Nous tomberons les masques devant le spectateur, complices avec lui, pour dire et redire que le théâtre, c’est joyeux et ça agit sur nos consciences afin de pouvoir donner des coups de pieds au cul à ceux qui ne nous écoutent pas.
Christine Berg

Evguéni Schwartz (1896-1958)
Né en 1896 à Kazan, il part pour Moscou en 1914 pour poursuivre des études de droit, qu’il abandonnera finalement pour s’engager dans une troupe de théâtre.
C’est cette troupe qui le conduit à Leningrad, le point de départ de sa carrière bien qu’il s’y installe au début comme simple rédacteur. Ce poste lui permet d’intégrer des groupes littéraires et de collaborer avec des revues pour enfants, premier pas vers son activité de dramaturge.
En effet, à partir de 1925, Schwartz se concentre sur la littérature enfantine et écrit de nombreuses pièces pour lesquelles il emprunte la forme du conte. Par ce choix, il s’inscrit dès lors dans une attitude insolente à l’égard du régime puisque celui-ci s’oppose à tout ce qui a trait au merveilleux dans la littérature pour enfant. Cette liberté qu’il prend face aux « règles » du gouvernement devient d’autant plus subversive dans ces pièces pour adultes, à savoir le Roi Nu, l’Ombre et le Dragon pour les plus connues.
Le propos résolument antiautoritaire, soutenu par une ambiguïté savamment entretenue qui renvoie parfois dos à dos nazisme et stalinisme, expose ces pièces à la censure jusqu'au début des années 60. Suite à cette répression, Schwartz gardera le silence pendant dix ans pour finalement revenir à la scène tardivement avant de s’éteindre en 1958 des suites d’une crise cardiaque.
Il est désormais un auteur reconnu en Russie et ses pièces font partie du répertoire, mais il demeure internationalement un auteur peu traduit et donc peu connu.

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