Hernani

de Victor Hugo

Mise en scène de Christine Berg

Avec
Loïc Brabant,Vanessa Fonte,Jean-Michel Guérin,Marine Molard, Antoine Philippot,Pierre-Benoist Varoclier

Assistant(e) à la mise en scène
Léo Cohen-Paperman

Scénographie
Pierre-André Weitz

Lumières de
Elie Romero

Musique de
Gabriel Philippot

Costumes
Pierre-André Weitz

Régie
Elie Romero et Marine Molard

Directeur de production
Claire Dupont
Coproduction
ici et maintenant théâtre/Espace Jean Vilar de Revin
Administration
Anne Delépine
La compagnie ici et maintenant théâtre est conventionnée avec le Ministère de la Culture / Direction Régionale des Affaires Culturelles de Champagne-Ardenne, avec l’ORCCA / Conseil Régional de Champagne-Ardenne et subventionnée par la Ville de Châlons-en-Champagne et le Conseil Général de la Marne.Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National et le soutien de l'ADAMI et de Copie privée.

Rarement une œuvre dramatique aura été aussi occultée par la réaction que suscita sa première représentation. Aujourd’hui encore, l’intrigue d’Hernani est largement méconnue : rares sont ceux chez qui ce titre rappelle la légende des deux amants qui meurent volontairement par le poison la nuit de leurs noces, ou la fable d’un bandit qui retrouve son rang à la cour d’Espagne. Dans la plupart des esprits, Hernani évoque une formidable bataille littéraire, une date décisive dans la lutte mythique qui opposa les classiques aux romantiques.
Entre février et novembre 1830, les partisans des classiques et les adeptes des romantiques se sont retrouvés chaque soir au Théâtre-Français, les uns pour huer la pièce, les autres pour tenter de la soutenir. Mais au-delà du mythe, qui se rappelle les personnages, qui se souvient vraiment du détail de l’intrigue ?
D’une manière générale, Hernani semble aujourd’hui encore, payer le tribut de son formidable succès de 1830 : comme tous les mythes, connu de tous mais fondamentalement ignoré…
La représentation théâtrale permet d’entrevoir le chef d’œuvre derrière le mythe. L’ambivalence de la pièce, sa polyphonie et la richesse d’interprétation qu’elle autorise, prennent alors toute leur dimension. Un monarque libertin se cache dans une armoire comme un vulgaire amant de vaudeville, avant de devenir un empereur juste et clément. Un vieillard ridicule se fait cocufier comme le premier Arnolphe venu et se transforme, à la fin du drame, en spectre shakespearien. Ici pas vraiment de masques, mais des visages différents : comme dans la vie, les personnages ne se divisent pas en grotesques et sublimes mais chacun d’eux est à la fois l’un et l’autre, au gré des péripéties de l’action.
Certes Hernani est un mythe. C’est aussi une prophétie politique.
« La voix haute et puissante du peuple, qui ressemble à celle de Dieu, veut désormais que la poésie ait la même devise que la politique : TOLERANCE ET LIBERTE ».(Victor Hugo, préface d’Hernani)
 

Premières réflexions



Comment ne pas être fasciné par la puissance poétique d’une telle œuvre ?
Et pourquoi s’interdire d’y plonger, de tenter le grand voyage dans cette cathédrale ?
La pièce est d’une force de composition exceptionnelle. Elle utilise tous les ressorts du théâtre romantique et dans sa diversité baroque, elle se permet tout : les coups de théâtre se succèdent, les personnages se métamorphosent, les images poétiques créent un univers d’une rare puissance.
A chaque nouvelle lecture, l’émotion me submerge. Bien sûr, ces deux jeunes amants qui meurent le jour de leurs noces, c’est pathétique, grandiose, mais ce n’est pas tout.
La fable politique, par exemple, est remarquable : Hernani, représentant ce « peuple-océan » qui entraîne tout sur son passage et bouleverse définitivement le vieil ordre, est mis en action sous nos yeux, comme le moteur des générations à venir contre qui personne ne pourra rien.
Les métamorphoses des personnages sont d’une théâtralité exceptionnelle et révèlent, dans le tissu même de la fable, que, qui qu’on soit, l’histoire et ses soubresauts nous font vaciller, nous ouvrent des horizons que nous devons voir. Don Carlos, le roi libertin, devient un monarque magnanime et tolérant ; Ruy Gomes, lui, ne devient pas meilleur, au contraire, il est la part sombre de nous-mêmes, celle irréductible du ressentiment et de la vengeance qui ne nous laisse que l’amertume de notre condition…Je crois qu’il faut toucher la dimension poétique, obscure de cette œuvre. Elle réside à beaucoup d’endroits et en particulier dans les portraits des personnages.
L’un des axes majeurs est dans la force, la lourdeur même, écrasante, des figures paternelles : le passé ne lâche pas sa proie…La scénographie sera donc un jeu de portraits géants faisant écrin d’abord à la fameuse scène des portraits où Ruy Gomes cache Hernani à Don Carlos dans sa galerie de tableaux de famille. Mais au-delà de cette seule scène, la dimension mythique de la parole donnée au père et par là, serment intouchable, embrase toute l’œuvre. Chaque personnage est hanté par un père absent et chaque personnage aussi, se convertit, se transforme en un autre, donnant ainsi à voir une infinité de caractères, de personnes qui se construisent devant nous.Il y a dans Hernani une thématique très forte de l’ombre et de la lumière, ô combien théâtrale. Beaucoup de scènes sont nocturnes (le début de 4 actes sur 5), et symboliquement, toute la pièce est une lutte entre l’obscurité (l’obscurantisme) et le jour, l’avenir…Il n’est pas certain d’ailleurs que la lumière l’emporte. Mais l’élément feu sera très présent sur scène.
Je pense qu’il n’est pas nécessaire de transposer l’époque ; elle est marquée clairement (Espagne 1519) mais n’empêche en rien l’envolée de la fable jusqu’à nous par le truchement d’une symbolique particulièrement riche. Nous travaillerons donc dans une esthétique inspirée du seizième siècle espagnol ; pas dans la reconstitution historique mais dans un rappel des formes et des matières.
Encore un paradoxe : Hernani est aussi, par certains aspects, une comédie. Il ne faut pas occulter cette dimension baroque qui se permet, du grotesque au sublime, de nous embarquer avec une duègne cupide dans une armoire de barbon cocufié…
Tout est possible dans ce théâtre, tout est jeu, et ce monstre de Victor Hugo mène une sarabande qui nous éblouit, depuis son dix-neuvième siècle, jusque dans nos tripes.

Christine Berg, juin 2010

l'auteur

Victor Hugo



Poète, romancier, dramaturge, critique, Victor Hugo envahit de sa stature l’histoire littéraire du XIXème siècle tout entier. Sa mégalomanie est dans sa devise : « Ego Hugo ».
Il n’en reste pas moins qu’à trente ans, il était devenu le chef de file du romantisme, avait révolutionné le théâtre et inventé une nouvelle langue poétique ; et qu’à cinquante ans, il n’hésita pas à abandonner une existence confortable et une situation exceptionnelle dans le monde des lettres en s’exilant après le coup d’état du 2 décembre 1851.
Lorsque l’écrivain s’éteignit le 22 mai 1885, un cortège de plusieurs centaines de milliers de personnes suivit, depuis la place de l’Etoile jusqu’au Panthéon, le « corbillard des pauvres » qu’il avait réclamé. Dans son testament, il avait écrit :
« Je donne cinquante mille francs aux pauvres. Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard. Je refuse l’oraison de toutes les églises. Je demande une prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu. »

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